Logo CIPS
jeudi 18 avril 2024

Relaxation psychosomatique relationnelle

La relaxation psychosomatique relationnelle est une nouvelle forme de psychothérapie conçue à partir des deux aspects fondamentaux et complémentaires de la nature humaine, le psychique et le somatique. Elle est plus particulièrement centrée sur la problématique psychosomatiqueet se réfère au système activité-passivité, moteur de toute évolution. Elle utilise la dimension relationnelle, la référence à l’affect et à l’imaginaire et situe son intervention autour du rythme corporel (rythme contraction-détente) de chacun. En ce sens, la relaxation n’est pas la recherche à tout prix de la détente. Il s’agit plutôt de comprendre pourquoi le sujet est tendu ou distendu. L’état de relaxation est un but à atteindre à un moment de l’évolution du sujet dans la relation thérapeutique. En effet, un cheminement est nécessaire pour éviter de « mettre » d’emblée le patient dans un corps détendu qu’il ne connaît pas et ne maîtrise pas. Le but est de rééquilibrer le système tension-détente dans une harmonie.

L’état psychique conflictuel[1] s’exprime à travers le corps par une tension labile qui est le support de la pathologie somatique, alors que la situation conflictuelle sans issue[2] détermine corporellement une situation corporellecoincée, sans possibilité de détente, elle est le support d’une pathologie organique. Dans ce cas, la relaxation, en détendant malgré tout, le fait d’une manière impulsive, en dehors de la maîtrise du sujet, ceci peut poser problème face à la pathologie organique qui s’aggrave.

Au bout d’un certain temps, la relation s’installe en parlant de l’histoire du sujet et de sa tension. La relaxation, ayant pris du sens dans la relation, peut alors s’installer. Elle se place par le langage à l’intérieur de la relation à un moment de la situation relationnelle où le patient aborde un thème corporel. Plus précisément, le thérapeute va s’appuyer sur ce qui est dit pour créer avec le patient, un mouvement adapté à sa recherche psychique et somatique personnelle. Ce mouvement tient compte du cheminement de la relation et de la découverte corporelle de la séance précédente.

Dès le départ, le patient intervient dans le choix du mouvement créé à partir de lui, ce qui constitue une vraie recherche personnelle. Petit à petit, le patient prend de plus en plus de place dans l’élaboration du mouvement, jusqu’à pouvoir créer son propre mouvement. C’est autour de cette création qu’une véritable détente apparaît.

 

La situation relationnelle

Ce qui diffère des autres techniques dans la relaxation psychosomatique, c’est l’abord de l’affect et du relationnel où l’on joue des situations du proche « et » du loin. Dès la première séance la situation relationnelle est choisie par le patient :

  • Le face à face qui est une situation de rapprochement ;
  • La relaxation debout qui peut se faire proche ou lointaine ;
  • La situation allongée qui part du face à face dans la partie langage et créé un éloignement à partir du moment où le patient s’allonge.

Jouer des positions est important pour l’autonomie et la différenciation. Aussi, la position et le mouvement choisi peuvent, en fonctionnant en tant qu’équivalent d’interprétation, jouer un rôle face à l’impasse (espace de vide relationnel, où le sujet est acculé, sans défense, sans possibilité de s’en sortir) facteur déterminant d’une pathologie organique, ou face au conflit qui détermine une pathologie fonctionnelle[3].

 

La représentation imaginaire

Par ailleurs, la place donnée au phénomène imaginaire ou de mise en image représentative est fondamentale dans la relaxation psychosomatique. Il permet de représenter la situation conflictuelle ou la situation d’impasse. Certaines personnalités dites « banales » sont dépourvues de potentialité imaginative. Cette situation de l’imaginaire peut exister au début de leur vie ou se mettre en place à un moment précis. Comprendre ce moment difficile, le motif de cette situation et faire vivre au corps une situation de relaxation est pour la représentation imaginaire un point important. En effet, après le mouvement la motricité s’arrête, on agit initialement par l’action mais on peut ensuite passer à la représentation de l’action et à sa traduction verbale.

 

Identité

La relaxation peut fonctionner en tant que moyen de connaissance ou de récupération d’une image corporelle qui donne au sujet la possibilité d’exister ou de réexister.

Relationnellement, cette possibilité d’exister se retrouve dans l’élaboration du mouvement de relaxation qui vient du sujet, aidé par le thérapeute. C’est grâce à cette dimension relationnelle que le patient pourra se représenter ses difficultés corporelles. Le sujet y est créateur d’une dynamique, et le thérapeute  en  est la surface de réflexion.

Certaines personnes ont l’impression que leur corps ne leur appartient pas totalement. De fait, ils ne peuvent pas dire s’ils sont tendus ou détendus.

Leur grande proximité relationnelle avec tout le monde fait que leurs problèmes de vie sont vécus par une réponse directe du corps, qui se fait le plus souvent en tension. Pour se détendre, ils peuvent avoir recours à l’effort physique comme activité d’épuisement. Dès qu’il récupère de la fatigue physique, la tension inexpulsée réapparaît.

Ici, l’utilisation corporelle est fonctionnelle, conçue à partir d’un corps intériorisé qui n’existe pas, ce qui crée un problème identitaire. La relaxation en tant que prise de conscience du corps permet sa reconstruction à partir de mouvements choisis dans ce sens.

 

Le problème activité-passivité

Le système activité-passivité est un fondement important de toute évolution thérapeutique. Dans la relaxationla formulation directive ou autoritaire du mouvementlaisse entièrement la place à la passivité, ce qui n’est pas sans difficultés. En réalité, on peut être « passivement actif » ou « activement passif ». Il est possible également de déplacer la passivité et l’activité, et il existe une gamme de solutions possibles pour échapper à l’une ou l’autre de ces deux données.

Pour le fonctionnement la pathologie de l’adaptation[4],activité et passivité sont dans un registre équivalent. Aussi, pourquoi choisir une solution plus qu’une autre ? Si l’on choisi une solution, on n’est pas dans la vérité. Même si un fragile équilibre peut s’instaurer, activité ou passivité mal gérées renforcent ce phénomène tonique ou amènent la contradiction tonique. Activité et passivitépeuvent même parfois prendre le sens d’un enfermement dans une situation sans issue.

D’une manière générale, rester dans un mouvement passif ne permet pas de prendre en main son « destin thérapeutique ». Elle peut de plus amener la contradiction, ou renforcer une difficulté interne. Ceci peut entraîner le conflit et parfois mener à l’impasse. Jouer de l’activité et de la passivité en fonction des besoins du patient est donc important à partir du mouvement de relaxation.

 

Détente et psychosomatique

En relaxation, les rapports entre psychique et somatique sont en contigüité à travers la tension et la détente. Un problème de tension renvoie à une problématique psychique. Ne pas prendre en charge la situation dans son entité ne fait évoluer ni le problème corporel ni celui du psychique. Par conséquent, si le corps se détend en relaxation, la tension reviendra par la suite, et ceci tant que la problématique psychique n’est pas élaborée.

Ainsi Madame V, qui ayant intériorisé l’image  d’une mauvaise mère, a organisé toute une problématique de tension corporelle face à la relation maternelle. Elle n’a pu construire son identité. Elle projette sur toute personne du sexe féminin  ce même type de relation et de tension. On aboutit ainsi à une situation d’impasse liée à la tension, où, tout contact féminin reflète ce facteur corporel extrême. Et lorsque le contact avec une femme est inévitable et de longue durée, la pathologie somatique apparaît. Dans le cas de Mme V. le travail thérapeutique ne doit pas détendre initialement. Une élaboration corporelle, autour de la prise de conscience du corps, doit permettre de révéler la situation d’impasse identitaire. Chaque fois que l’on a affaire à une maladie organique il faut chercher la situation d’impasse. En général, l’impasse est déterminée par un phénomène de tension corporelle bloquée : la détente n’existe plus, sauf par équivalent. Tout le travail thérapeutique de la tension va consister à « penser » chaque situation, de manière que l’impasse se réduise, puis disparaisse. Et c’est au moment où le sujet se dégage de l’impasse, que la tension corporelle évolue.

L’impasse génère un phénomène de tension corporelle bloquée. Le conflit apporte une autre dimension à la tension. C’est là un phénomène tonique labile, qui peut aller parfois même jusqu’à des tensions très importantes. Pour ces patients, il existe toujours une possibilité de se détendre, en relaxation  mais les tensions reprennent ensuite si le phénomène conflictuel n’est pas élaboré

Conclusion

En définitive, les faits psychiques et toniques sont inscrits dans la relation. Ils sont des faits relationnels en mouvance, lorsque l’imaginaire est mis hors circuit dans le fonctionnement du sujet. Des faits objectifs sont alors pris dans un contexte relationnel lié au tonus corporel. Lorsque l’imaginaire existe dans le fonctionnement du sujet, il y a une interaction des deux éléments de l’imaginaire et du tonus. L’imaginaire régularise le tonus. En relaxation psychosomatique, le travail thérapeutique consiste donc à rattacher les éléments de l’histoire du sujet à la relation tonique en tenant compte de son fonctionnement, puis à faire le lien entre la pathologie psychosomatique, le tonus et ce qui est en train de se dévoiler.

 

[1] Etat psychique conflictuel : un problème de vie qui pose problème.

[2] Situation conflictuelle sans issue : une situation d’impasse où on se sent coincé dans sa vie.

[3] Pathologie fonctionnelle : crampe des écrivains, paralysie psychogène, tremblements, énurésie, encoprésie, tachycardie.

[4] Pathologie de l’adaptation : personnalités dépourvues de potentialités de l’imaginaire qui s’adaptent au réel et au concret.