Centre International de Psychosomatique

jeudi 28 mars 2024

Stress et problème de dos - Sylvie Cady

Sylvie CADY

 

STRESS ET PROBLEME DE DOS

1-LE CAS D'ADRIEN

Adrien, 10 ans, est un garçon drôle, créatif dans le dessin et la musique. Il recherche sans cesse la compagnie des femmes, ce qui lui rappelle bien sûr l’étroite relation maternelle. Dès l'âge de trois ans, une histoire œdipienne se trouve liée au dos à partir de son apprentissage de la langue maternelle : l'espagnol. Ne la parlant pas avec son père (Français), Adrien a, de ce fait, l'impression de l'apprendre « derrière son dos », ce qui renforce d'une part ses rapports œdipiens avec sa mère et qui le place, d'autre part, très vite, dans une symbolique du dos.

Parallèlement, des difficultés profondes dans la relation avec son père conduisent l'enfant à perdre confiance en lui.

Devant ce père impatient et agressif, qui règle toute situation de jalousie de manière radicale et punitive, Adrien n’ose s’opposer ouvertement.

Peu à peu, il se sent coupé du monde masculin des adultes, ce qui le rapproche davantage de la relation maternelle.

LE DOS ARMURE

A l'école, Adrien tente de se réaliser. Il veut être le leader, mais il est incapable d'affronter une rivalité, de se défendre quand les grands l'embêtent. Comme il l'explique lui-même, « il stresse et il prend tout sur son dos ». Il montre là encore l'investissement symbolique sur cette partie de son corps. Et Adrien d'imaginer « un dos armure » pour se défendre.

Dès lors, sa personnalité est marquée par l'imaginaire. Il devient fréquemment absent dans la  relation et se réfugie dans le rêve dès qu'il se sent mal l'aise.

UN MAUVAIS REVE

 

Un rêve « de stress » qu'il répète et où il se voit dépasser son père pour briller auprès de sa mère… en vain. Pour se venger, il attaque donc son père dans le dos. Et c'est à la suite d'un accident grave du père, qu’une problématique douloureuse du dos apparaît chez Adrien. La douleur comme la tension sont résistantes médication ; l’enfant est donc orienté vers un traitement de relaxation psychothérapique.

Dans la psychothérapie, en l'espace de quelques mois, Adrien, renouant avec le passé, reprend le thème principal de son rêve « de stress » : l'attaque dos paternel. Cela lui fait aussitôt ressortir un sentiment de culpabilité, liée à une organisation œdipienne d’Adrien. Il tourne autour de l'accident père, une histoire qu'il a aussi souhaitée dans le rêve.

Lors de la psychothérapie, il voit son dos noir parce qu’il se sent stressé et coupable d’une dispute avec son père. La relaxation terminée, Adrien se relève avec sa douleur au dos. Là, sa compréhension de la situation stressante qui prend en compte les données psychiques investies par l’imaginaire et greffées sur la problématique du dos, permet au mal d’évoluer. La fonction de l’imaginaire est devenue dominante : toute médication, susceptible d’enrayer ses souffrances, n’a donc pas trouvé d’impact.

Seule l’intervention thérapeutique, faisant comprendre qu’il existe une relation entre le physique et l’imaginaire permet le relâchement musculaire et fait ainsi disparaître le stress en même temps que la douleur.

En conclusion, dans le cas d’Adrien, on peut noter que la relaxation psychosomatique est bien la meilleure médication qui soit !

2-LE CAS DE CAROLINE

 

Avoir un enfant pour les parents de Caroline (17ans) se situe dans le conformisme banal. Enfanter, c’est « être en ordre socialement face au mariage ». Sans aucune technique éducative, les parents de Caroline se contentent reproduire l’éducation qu’ils ont eux-mêmes reçue. Sans imagination pour leur vie personnelle, leur action vitale est centrée autour de la réussite sociale. Le travail est donc leur seule préoccupation, ce qui les éloigne de tout contact affectif avec leur fille. Celle-ci est dès lors prise dans une organisation de garde et de présence parentale codée où tout est ordonné pour ne pas perdre temps. C'est dans cette optique qu'aucune place n'est laissée sur le plan éducatif à l'imaginaire; le créatif n’est que maîtrisé, le rêve et le dessin, du temps de perdu. Caroline qu'un seul choix : vivre enfermée dans les paramètres qu’impose le modèle parental, du travail sans évacuation du stress.

Un vide existentiel se creuse alors et Caroline est incapable de se situer dans l'espace, de parler de son corps, de rêver. Ce vide personnel se retrouve aussi dans son rapport à l'objet: aussitôt qu'elle en convoite un, elle l’achète immédiatement. Rentrée chez elle, elle, le range sans même le déballer. L’objet n’a qu’une valeur marchande. Caroline va donc trouver des « trucs » pour se sentir exister : une cicatrice à la main droite va lui permettre de se repérer visuellement, de prendre conscience de son corps. Elle n’a pas conscience de sa tension corporelle liée au stress.

L'IMAGINAIRE: UNE THERAPIE QUI SOULAGE

 

Caroline ne se sentant pas « exister », il est clair qu’elle échoue dans sa scolarité ; ce qui la conduit à un stress considérable, à consulter et à suivre une relaxation psychosomatique. Or c’est au cours de cette médication de relaxation qu'une lombalgie apparaît. Elle n’est rien d’autre que l’expression d’une tension corporelle liée au stress dont elle n’a pas conscience.

Cette douleur crée chez Caroline une sensation de soi, dévoile une existence entre elle et le monde extérieur. Pour la première fois, Caroline éprouve le sentiment « d’être ». Or, la lombalgie cessera lorsque Caroline aura trouvé le désir d'être dans l'énergie de l'activité et du rêve, faisant ainsi disparaître peu à peu la somatisation. Et c’est un dos imaginaire, peuplé de rayons dorés, symboles de détente, qui apparaît en rêve.

Dans le cas de Caroline, le problème de dos s’avère être une souffrance bénéfique qui la fait exister. C’est une expression du stress qu’elle peut maintenant prendre en charge et le faire évoluer.